Pousser l'excès à la limite du raisonnable [Solo]

Je dois avouer que mes résultats actuels me déçoivent énormément. Depuis que je suis entré dans l'organisation, je n'ai pas fait une seule percée, ce malgré le nombre exorbitant de corps que j'ai amassé dernièrement. Chaque expérience se résumait à prendre possession du corps défunt, toutefois, je n'ai pas encore réussi à pénétrer le corps interne et provoquer une voix chez les sujets. ~ Rapport 105 - Évaluation / Échec lamentable

Déposant le porte-document sur la table de bureau, je soupire en essuyant mon front du bout de ma manche droite. Quelle déception, je m'assois un instant sur la chaise et j'admire mon oeuvre de loin. La carotide a éclaté ainsi que la mâchoire alors que je tentais d'insérer mon ombre dans la gorge pour atteindre les cordes vocales. Tout c'est compressé, puis a explosé, cela m'a gerbé dessus. Honteux, encore un spécimen en moins. Mon temps accordé arrive à échéance et je perds patience. Me levant de mon appui, je retourne vers le cadavre et je le soulève pour aller vers une porte blindée, que j'ouvre assez facilement, et jette le cadavre dans la pile déjà présente dans la pièce froide. Il va me falloir un nouveau candidat pour la prochaine évaluation. Je perds un peu le nord et je me balance de gauche à droite. Passant devant un miroir, je ne peux que voir les cernes saillants sous mes yeux. Foutaises, mon art ne peut attendre. Je tomberai s'il le faut, mais avant je réussirai ce que je veux entreprendre.

Fouillant dans mon ombre, je fais sortir un nouveau corps et je le dépose sur la table. Peut-être pourrais-je tenter de noircir son coeur, non ce n'est pas une bonne idée. La fatigue me prend soudainement et je trésaille, lâchant mon scalpel. Une main sur la table de chirurgie et l'autre sur mon front à tenter de reconstituer mon souffle et mon équilibre, je met un instant à me relever en pleine sueur. Il me faut dormir, pourtant le cadavre est là, déposé sur la table. Mais bon, après tout, si on ne les contrôle pas, les morts sont souvent muets et... morts. C'est bien ce qui est mieux chez eux, car ils ne se plaignent pas de la douleur ou de l'inconfort. Je me dirige tranquillement vers le petit lit dans la pièce d'à côté, à l'extérieur de ma salle d'autopsie et je vais me laver dans la douche la plus proche, enfin l'eau la plus près. Je m'étire ensuite vers mon lit de fortune pour me laisser tomber de fatigue.

Quelques heures de sommeil ne risquent pas de me tuer, alors profitons-en, la prochaine nuit sera longue et... peut-être révélatrice de grands secrets ! Qui sait ? J'espère arriver à temps dans mes projets, sinon Youma ne sera pas contente, d'un second échec. Il me faut bien lui donner de bons résultats à ses attentes, après tout, c'est elle qui me donne les fonds indispensables à mes tests sur la manipulation des morts. Dormons maintenant, j'ai les yeux qui commencent à sombrer dans le néant... Peut-être... que... j'aurai... une... vision... une... illu... mina... tion.